Travailler 7 jours d’affilée au Canada : légalité, règles à respecter

Travailler sept jours d’affilée n’a rien d’exceptionnel pour de nombreux salariés canadiens. Pourtant, ce marathon professionnel interroge : où s’arrête la flexibilité, où commence la protection des droits ? Le Code canadien du travail ne pose aucune interdiction claire pour la semaine sans pause. Mais la mosaïque des provinces, elle, dessine des frontières parfois plus nettes : 24 heures de repos par-ci, des exceptions par-là, et des zones grises pour certains secteurs ou situations particulières.

La réglementation ne se limite pas à la question du nombre de jours travaillés d’affilée. Elle encadre aussi la durée totale du travail, la gestion des heures supplémentaires, et impose des temps de repos obligatoires. Province, secteur, statut professionnel : chaque paramètre influe sur la règle du jeu. Les employeurs n’ont pas la main libre et risquent gros en cas de manquement.

Travailler 7 jours d’affilée au Canada : ce que dit la loi

Le Code canadien du travail donne un cadre général, mais ne fixe aucune limite claire sur le nombre de jours de travail d’affilée. À l’échelle fédérale, aucun texte n’interdit expressément une série de sept journées de travail consécutives. Ce sont surtout la durée totale de la semaine de travail et le respect d’un repos hebdomadaire minimal qui structurent l’organisation.

Les contraintes varient en fonction du secteur. Dans les domaines relevant de la réglementation fédérale comme la banque ou le transport interprovincial, la loi exige au moins 24 heures d’arrêt consécutives chaque semaine. Au Québec, la Loi sur les normes du travail prévoit un seuil plus élevé : 32 heures de repos ininterrompues. En Ontario, via la Loi sur les normes d’emploi, le minimum est lui aussi fixé à 24 heures. En France, le seuil grimpe à 35 heures d’affilée, pour comparaison.

En clair, le fait de travailler sept jours d’affilée n’est pas interdit mais doit s’intégrer dans une organisation qui garantit un vrai repos hebdomadaire. Les entreprises disposent d’une certaine liberté pour agencer les horaires, tant que la pause légale est respectée. Ces obligations ne dispensent pas de suivre la limite d’heures travaillées par semaine (40 à 48 heures selon la province) ni de rémunérer correctement les heures supplémentaires. Les normes du travail, les accords collectifs et les conventions de secteur venus s’ajouter, viennent parfois complexifier le puzzle.

Pour synthétiser, les principales exigences régionales sont :

  • Québec : 32 heures de repos ininterrompues chaque semaine (LNT)
  • Ontario : 24 heures de repos par semaine (LNE)
  • Secteurs fédéraux : 24 heures de repos hebdomadaire (Code canadien du travail)

Le nombre de jours de présence au travail ne constitue donc pas le point de friction : c’est bien l’assurance d’une vraie pause hebdomadaire qui fait la différence.

Quels sont les droits des salariés concernant le repos et les pauses ?

Le repos hebdomadaire est une donnée incontournable dans tout contrat de travail au Canada. Au Québec, il doit atteindre 32 heures consécutives ; en Ontario et pour les juridictions fédérales, la barre est fixée à 24 heures. À l’usage, l’employeur doit s’assurer d’appliquer cette règle quel que soit le montage des emplois du temps.

Concernant les pauses, la législation prévoit une pause repas de 30 minutes minimum après cinq heures de travail. Ce laps de temps n’est pas payé, sauf si l’on attend que le salarié reste à disposition de l’employeur, un scénario fréquent dans la restauration rapide ou certains postes de surveillance. Pour la pause-café, rien n’est ancré dans la loi : tout dépend du règlement interne ou des usages de la société. Si la présence pendant la pause est rendue obligatoire, alors celle-ci devient rémunérée.

La jurisprudence a souvent rappelé l’importance de ces temps de pause pour la santé, en rappelant que les conventions collectives, quand elles existent, ne peuvent jamais réduire ces minimums légaux, mais les renforcer sans hésitation.

Voici un point sur les principaux acquis en matière de repos et de pauses :

  • Repos hebdomadaire : 32 heures au Québec, 24 heures ailleurs (Ontario, secteurs fédéraux)
  • Pause repas : 30 minutes après cinq heures travaillées, sans rémunération sauf contrainte
  • Pause-café : laissée à la discrétion de l’employeur, payée si imposée

Le respect de ces repères façonne le quotidien des salariés et oblige les employeurs à la vigilance. Toute entorse peut entraîner des sanctions, administratives comme financières.

Heures supplémentaires et protection contre les abus : à quoi faut-il veiller ?

La gestion des heures supplémentaires repose sur des plafonds : passé le seuil hebdomadaire, 41 heures au Québec, 44 en Ontario, chaque dépassement doit être réglé à 1,5 fois le taux horaire. Une large majorité des employés y accèdent, avec quelques exceptions selon la fonction ou la branche.

Le salaire minimum évolue fréquemment : il atteindra 16,10 $/h au Québec en 2025 et 17,20 $/h en Ontario. Impossible pour un employeur d’exiger un uniforme à logo sans le fournir gratuitement à un employé au salaire minimal. Pour toute retenue sur salaire en cas de bris ou de perte, il revient à l’employeur de prouver la négligence : un rempart contre les abus, notamment dans le commerce ou la restauration, où ces situations sont régulières.

En matière de congés, les salariés cumulent au moins deux semaines de congés payés après une première année d’ancienneté, puis trois après cinq ans. Le nombre de jours fériés payés oscille selon la province (huit au Québec, neuf en Ontario). Divers motifs, maladie, parentalité, décès, violence, ouvrent droit à des congés supplémentaires, selon des règles précises et publiques.

La santé et la sécurité au travail se placent sous une vigilance particulière : plans de prévention, droit de refuser de travailler face au danger, indemnisation en cas d’accident. Un syndicat présent peut négocier des avantages complémentaires, par exemple sur la gestion des horaires ou la récupération d’heures supplémentaires. Les fiches de paie doivent toujours être détaillées et remises à chaque salarié.

Ouvrier seul au lever du soleil sur un chantier au Canada

Obligations des employeurs et recours en cas de non-respect des règles

Le respect des normes du travail est non négociable : la moindre défaillance expose l’employeur à des sanctions. Au Québec, c’est la CNESST qui surveille l’application de la loi ; en Ontario, le Ministère du Travail veille sur l’ensemble des droits. Rien n’échappe au radar : horaires, repos, bulletins de paie, congés…

En cas de faillite, le programme de protection des salariés compense les paies impayées pour limiter la casse. Les étudiants étrangers bénéficient d’un régime particulier : depuis l’automne 2024, ils ne sont pas autorisés à travailler plus de 24 heures par semaine hors campus, sauf durant les vacances scolaires. Le permis d’études doit explicitement mentionner ce pouvoir d’emploi. Sur le campus, la limite disparaît.

Lorsque la loi n’est pas respectée, plusieurs voies s’offrent aux salariés : demande auprès de la CNESST ou du Ministère du Travail, action syndicale possible, intervention de consultants spécialisés ou assistance d’un représentant, notamment pour les étudiants étrangers. Ce tissu d’acteurs compose un filet pour mieux faire respecter les droits, y compris dans les dossiers complexes mêlant immigration, contrat de travail et code du travail local.

Dans ce pays où réglementation et flexibilité marchent souvent main dans la main, l’arbitrage quotidien entre exigences de l’activité et respect de l’humain se joue au fil des contrats et des plannings. La règle reste la même pour tous : sans repos, aucun travail n’est durable.